Vacuité...
Les Écritures ne mentent!
C'est nous qui les entendons mal, qui les mal entendons, qui n'y pénétrons pas, qui ne con-prenons pas, et cela aussi c'est notre jeu, notre joie.
En vérité, en vérité cela nous est dit, transmis. En vérité nous n'écoutons pas, nous sommes aveugles et sourds de notre propre vacarme, de notre propre tumulte.
Certes sa révélation est une apocalypse, une fin du monde, du monde de notre ignorance, du monde de notre égoïsme, du monde de notre enfermement. Ce monde là, oui, en vérité est détruit, il est découvert, il est démasqué. Nous ne pouvons voir sa face sans mourir à l'illusion de nos moi séparés, sans mourir aux histoires que nous nous racontons sans vouloir les nommer, nous sommes complices de nos duplicités, nous nous dupons nous-mêmes en mauvaise honnêteté.
Il est patient, infiniment patient, il laisse ses enfants jouer, il sait que cela est éphémère, il est l'Eternité réalisée.
Je n'ai rien à dire, sans son inspiration rien ne peut s'inscrire, sans sa réalisation, rien ne peut se réaliser.
Ses silences sont plénitude du vide. Je ferme les yeux et regarde à l'intérieur, il est là, il m'édite, il se retire pour que je le cherche, il se cache pour que je le trouve. Il me suscite pour que je ressuscite. C'est un gouffre béant effrayant de liberté qui m'attire, un néant se créant, se dé-créant sans cesse dans lequel je ne peux rien saisir, mais par lequel je suis saisi. Je suis informé, je suis retourné.
Il n'y a rien à dire, c'est cela au nom imprononçable, une respiration, une pulsation, un flux que je ne peux définir, nommer, enfermer, conceptualiser. Cela ne peut que se vivre, cela n'est que vie. Je suis cette vie, ce vide qui m'envahit, qui me découvre, qui me trahit vide moi-même, éternel merci.
Ce vide est espace, es-pace, vide et paix, repos éternel,
Vacuité.
Je suis en devoir de vacances, en vacances de vacance en vacance, avec entre deux silences, l'intervalle d'une mélodie. C'est un champ de vie, une partition libre, une improvisation... Silence...
On ne peut improviser le silence. Il est matrice mais n'est pas absence, au contraire, c'est la Présence absolue. En lui tout se révèle à celui qui sait écouter... La main se lève, s'arrête, se suspend...
Silence...
Il n'y a rien à dire. C'est là. C'est une prière, pas une demande, une prière sans mot comme un merci, comme une gratitude. C'est un murmure inaudible, un coeur battant qui expire dans un souffle inspiré, une détente imperceptible, un sourire qui transpire, léger, léger, léger... Une plume qui se pose sans élever le moindre soupire, une pudeur qui ne sait se nommer...
Il n'y a plus personne pour écrire, seule l'écriture reste, reste l'écriture seule pour s'inscrire, se relier et se délier...
Il n'y a plus personne, le masque est enlevé, la feuille de l'arbre est tombée, sans le moindre désir, pas même celui d'un sol pour l'accueillir, d'un vent pour la porter, ou de la poussière pour lui servir d'oreiller...
Rien n'est à regretter, il ne s'est jamais rien passé.
Dans le ciel un oiseau passe, qui peut suivre sa trace?...
Qui peut décliner son identité ?...
