Totalité...
Nous sommes des enfants qui inventons des jeux dans lesquels nous nous prenons au sérieux. Nous nous mystifions nous-mêmes sous couvert d'une raison qui si nous la poussions réellement à son aboutissement logique nous conduirait directement à cette Conscience enfouie en nous. Cette Conscience plus nous que nous même. Nous ne faisons que fabriquer des images de nous même, ces 'moi', ces 'je' ne sont pas réel.
Nous jouons à distordre la raison ou à l'égarer, la perdre ou à ne pas être conséquents. C'est le fruit dans lequel nous mordons à pleines dents. C'est le fruit de nos jugements qui établit en malédiction ce qui est bénédiction en soi. Nous maudissons, nous médisons, nous disons mal au lieu de bien dire, au lieu de bénir. Nous jugeons notre nudité, notre nature. Si nous ne bénissons pas ce monde, qui le fera ? Car nous ne sommes pas autre que cela.
C'est en nous, c'est nous et cela ne nous appartient pas. Chacun doit sa part tenir, c'est-à-dire, être ce qu'il est en vérité, en vérité c'est tout. Tout est là, toujours offert, jamais perdu. Et c'est une félicité sans nom.
Je suis témoin de cela et cela témoigne de ce que je suis,
En ce Je Suis, en Ce qui Est.
Si nous ne sommes pas capables de tenir notre raison alors acceptons, reconnaissons notre folie en ce qu'elle est, follement vivante, sans préjuger. La vie n'est rien de raisonnable, de justifiable, de comptabilisable, d'enfermable, de condamnable.
Qui est assez fou pour condamner la vie ? Qui, consciemment, pourrait condamner l'Essence que nous sommes, que la Vie Est ?
Qui?... Qui pourrait rester vivant après avoir condamné la vie en lui, la vie en l'autre ? Qui est vivant en vérité ? Qui est ce qui? Pouvons-nous définir, enfermer ce "qui" dans une forme, une identité limitée ? Pouvons-nous réduire ce "qui", ce vivant dans une équation mathématique, une formule chimique, une philosophie, une religion, une culture, une civilisation, un concept, une programmation ? Non.
C'est une évolution, un mouvement, une transformation permanente, infinie, éternelle. Nous ne pouvons réduire la vie à l'homme, à la Terre, à notre système solaire. Nous ne savons pas. Nous ne pouvons pas savoir. Mais nous pouvons entrer dans cette Conscience vivante car nous ne sommes pas autres que cette Conscience vivante. Nous sommes identiques à cela qui constamment renouvelle sa vie.
C'est notre intimité la plus profonde, la plus réelle, celle qui ne dépend de rien, c'est une île en soi, c'est l'Etre en soi, c'est l'En-Soi lui-même.
Je n'ai rien à dire, ce sont des signes qui dansent, des mots qui s'alignent, qui s'allient, se relient, se délient, des formes mutantes, des respirations, un souffle qui plane sur les eaux, un oiseau qui vole, unnréverbère qui s'allume, un réverbère qui s'éteint. Rien. Tout.
A la fois rien et tout, tout et rien, à la fois Un et multiple, multitude, multiplicité et unité. Innocence. Immaculée conception de l'Etre qui n'a jamais cessé d'être virginal, originel. Rien ne peut le déflorer ni le flétrir; ni nos guerres, ni nos meurtres, nos crimes, nos crucifixions, nos viols, nos condamnations, nos incarcérations, nos pendaisons, ni nos pleuraisons, ni nos lamentations, rien. Rien ne peut le souiller, c'est un parfum, une fragrance unique, un souffle d'amour, une compassion vraie.
Un je vous aime qui ne saurait mentir, qui ne saurait périr. C'est une infinie liberté, une liberté vraie qui n'empoisonne ni n'emprisonne sous son principe. C'est l'Arche d'Alliance de Noé, c'est la rédemption du Christ, le chant du muezzin, la poésie de Kabir, le sourire du Bouddha, la sagesse de Lao-Tseu...
C'est un silence, une deuxième naissance, c'est la Nativité et la Résurrection accomplies, c'est la réunion de ce qui se croyait perdu, c'est un cercle et un carré, c'est une totalité.
"Hommage silencieux dans le ciel "...
à l'éphémère, création renouvelée, mouvance immuable, pérennité...
