L'Attention Consciente"La Danse de l'Instant "...

- Au Scribe -

Je ne suis pas écrivain. Ce conte me fut « donné » au cours d'un voyage en Egypte que je fis il y a quelques années. J'étais assis sur un banc le long du Nil et ne faisais rien d'autre qu'être là, à découvrir l'espace où je me trouvais. Soudain les mots, les phrases se mirent à emplir mon crâne, à former cette histoire. Je fus d'abord surpris, puis je pris plaisir et intérêt au récit qui s'inscrivait en moi. C'était une histoire que je trouvais belle et simple, et surtout évidente.

Alors vint l'envie de la consigner. Je n'avais sur moi ni papier ni crayon. Je m'imprégnais donc au mieux de ce conte, avant de me lever et de quitter le lieu. Je remerciais les cieux ou je ne sais qui ou quoi pour ce qui m'était envoyé. Je partis vers la ville proche où je me dépêchais d'acheter papier et stylo avant d'aller m'enfermer dans la petite chambre d'hôtel où je résidais.

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Je me mis alors à écrire, j'essayais de rendre, de rester le plus proche possible de ce que j'avais reçu. Mais bien sûr, je raturais, je déraillais et rajoutais au récit des bribes de pensées et d'histoires personnelles qui s'étaient automatiquement, naturellement identifiées à ce conte. Je me mêlais à l'histoire, m'emmêlais dedans, m'y engouffrais et m'y perdis...

Cela dura des heures et je ne voulais et ne pouvais m'arrêter d'écrire. Je ne voulais rien perdre, et cette volonté même amena la confusion. Enfin, fatigué, je me rendis compte que j'avais voulu trop bien faire et que j'avais embrouillé et obscurci la simplicité et la clarté du récit. Je me retrouvais alors moi-même, comme Selrach, devenu un double inverse, après avoir ouvragé le cadre, en face du miroir à polir... Je refermais le cahier, le rangeais et poursuivis mon voyage...

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Cela avait déjà commencé à me « gratter » fort, et cela continue à le faire toujours des années après. Mais ce n'est pas un grattement que l'on peut ignorer ou auquel on pourrait, faute de mieux, s'habituer. Non, impossible de faire comme si cela ne grattait pas. C'est comme un feu qui brûle, qui démange, qui dérange et consume toute velléité d'oubli.

Alors je polissais, et plus je polissais et plus de nouvelles "grattes" apparaissaient, les grosses grattes enlevées, polies, une nouvelle vague de grattes, plus petites se révélaient, et encore, et encore, alors petit à petit, pas à pas, rature après ratage, je ne pu faire autrement que me mettre à l'ouvrage, il fallait que moi aussi je parvienne à cette transparence, à cet « oublie », à ce coeur, il fallait que je me donne, m'abandonne à ce don. Je me devais à ce conte, j'en étais devenu débiteur... et débité !... « Haché menu comme chair appâtée »...

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L'histoire de ce conte se confondant avec l'Histoire sans fin de la Vie, mon histoire personnelle, bien qu'en faisant partie, se devait de se dissoudre, de se fondre, de disparaître en son sein. « Mon » histoire, comme grattes sur le miroir, devait se polir, s'effacer au profit de l'histoire de la vie, du Vivant. Il ne devait plus rester que le témoignage, que le chant de la vie où ma petite chanson personnelle faisait figure d'altération dissonante sur la partition de cette Symphonie, de cet Hymne à l'Univers.

Je devais m'unir vers ce Grand Tout, ne plus en être séparé, ne plus jouer mon solo à tout propos. Comme Selrach, me voyant apparaître et disparaître, j'ai eu peur, j'ai reculé, car comme lui j'ai Tout vu et compris, j'ai été mis à nu, je me suis vu tel que je suis, et me suis vu, su, tel que Tout est. Absolument identique.

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Je n'ai pas franchi le passage, si tant est qu'il y en ait un... Cette fameuse dernière marche de l'identité personnelle, cette marche, ou embûche à la hauteur de notre propre démesure; "moi-même!"... Je me suis accroché, identifié à cette image, cette autrement et encore plus « belle » image de moi-même me mirant en la transparence de ce si joli miroir ouvragé par mes soins.

Miroir... « Miroir, dis-moi que je suis le plus beau »... Farce et dindon à la fois... Seulement moins dupe des jeux de ces 'je'... Voilà, voyez là, je retourne polir, danser, ou chanter...

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Ici, toujours, se trouve ce pas sage... Pas même un pas... Le temps et les histoires s'évanouissent vite, les noms aussi, sans laisser guère de traces ou de cartes lisibles...

Je vous invite à ce « rendez-vous », à chacune et chacun de vous, ce « Rendez-vous vous-même », sans malédiction mais, bien au contraire, avec la gratitude, la reconnaissance et la Joie sans nom de la bénédiction que nous sommes tous...
de "l'autre côté"...

Dans cette « Trans-parence » de l'Être & Conscience...

Ici même.

Amour.

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A Noé ce 23 septembre 1996.

Alliance...

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