L'Attention Consciente"La Danse de l'Instant "...

Retour d'Exil

Comme le tonnerre qui déchire la nuit, le cri avait jailli. L'enfant était né.

Il ne parlait pas, il était toute dépendance, tout abandon, toute offrande, toute innocence, tout oubli. Il commença à grandir, à s'alimenter, à s'apprivoiser...

 

Il commença à gazouiller, comme un oiseau dans le soleil et le vent, à gargouiller, comme une grenouille au fond des mares sous la lune. Il apprit le jour et la nuit, il apprit le mouvement, peu à peu il commença à se redresser, à marcher. Il commença à explorer le monde. Il continua à grandir...

 

Il commença par balbutier, il apprit le langage, il commença à distinguer les sons, les gestes, et leurs effets. Il commença à ouvrir les yeux sur le monde. Il apprit l'étonnement des formes innombrables. Il commença à parler, et apprit à se taire, à ne pas dire, à s'interdire, à se questionner.

Il apprit la réserve et la souffrance, il apprit à tempérer ses ardeurs, et à cacher la jouissance. Curieux et avide, il apprit les signes, les écritures et leur lecture. Il était fils. Elles étaient fils.

 

Il commença à parcourir le chemin offert, et tous ses méandres. Il apprit la raison et la déraison, il découvrit l'absurdité. Il apprit le silence et la contemplation. Il était sans cri, il était sans voix, il apprit l'adolescence et la non reconnaissance. Il apprit à penser, à réfléchir, il se perdit là.

De l'écheveau échevelé des pensées, il saisit un fil, fragile comme les signes qui s'alignent sur le papier, il commença sa trame, il commença à tisser les écritures. Il commença son ouvrage... Le désert s'offrait déjà à lui...

Il continua à grandir vers l'âge d'homme, un pas après l'autre, souffle à essoufflement, faux pas à pas sage erreur après exactitude, doute après certitude, expérience après inexpérience...

 

Il ne marchait plus, il errait, il avait découvert la solitude. Il commença à la fouiller, à l'explorer, de plus en plus loin, de plus en plus profond, comme un puits sans fond.

Il chemina ainsi, dans les jours et les nuits de son âme, jusqu'à la folie de sa raison, jusqu'à la raison de sa folie, de son errance infinie comme les feux de la voûte céleste et les eaux des océans immenses.

Il dévida le fil de sa vie, jusqu'à l'épuisement des encres, des années de carême et de quarantaine, jusqu'aux noces des signes, jusqu'à l'évidence évidente, jusqu'au vide qui l'emplit, jusqu'à la plénitude du vide.

 

Alors il ouvrit simplement les bras pour accueillir ce qui était là, depuis toujours, depuis l'oubli, au coeur de lui-même, et il fut retourné, et son errance prit infiniment, divinement sens. Il dansa la danse des mots du silence, du rire et des larmes.

Il transcendansa les enluminures du parchemin clair-obscur. Il cria son grandir, il expia son expire, il lâcha son inspir...

Il s'enfanta, il s'accoucha de Lui même. Il chanta la vérité de sa vie, la vie en vérité, en vérité, source bouillonnante...

 

Comme l'éclair illumine la nuit... Le Verbe jaillit!

... L'Homme était enfin né...

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satsang charles coutarel