L'Attention Consciente"La Danse de l'Instant "...

« Celui qui attend »

Cher Jean-Marc, bonjour,

Merci de votre confiance, oui je comprends par quoi vous passez, et ce n'est pas agréable, je sais. Il est assez remarquable que vous m'écriviez en ce temps car je venais juste de publier quelque chose sur ce sujet, ou très proche. En fait il n'y a pas d'arrêt, simplement à un moment, avec l'aide d'une « réalisation », vous comprenez où vous « tenir », où investir votre intérêt et ne plus accorder autant d'attention aux démons qui passent. et aux anges non plus ! Une sorte d'équilibre comptable satisfaisant, même si pas glorieux, mais du moins sain, entre profits et pertes. et l'illusion de soi.

Personne d'autre que vous-même ne répondra jamais de façon satisfaisante à votre propre questionnement. Et bien sûr cette réponse ne sera pas conceptuelle ou de l'ordre de l'intellect, ni quelque chose de récupérable par celui-ci. Cette réponse viendra d'une évidence en vous, d'une éclaircie que vous pressentez déjà et dont vous témoignez dans votre lettre.

Je vous cite, « lorsque au fond d'une question sans réponse le même constat d'absence du questionnant s'impose.....implacable et radical. (Comme l'histoire du mari qui souffrant de jalousie maladive doit s'apercevoir qu'il n'est pas marié pour faire cesser sa souffrance...) - Productives d'une certitude que rien ni personne n'est fondamentalement ni substantiellement à la base de chaque douleur, une espèce de preuve que l'impersonnalité domine et que la "source" s'amuse. »

Oui, la source s'amuse, autrement dit « vous » vous amusez. C'est votre jeu, votre débordement, vos éclaboussures. Quand on s'aperçoit qu'on n'est pas ce questionnant et qu'on réalise son irréalité. de même que celle de « celui qui attend ». Alors on peut se reposer, littéralement, et sourire dans cette reconnaissance et en goûter la paix. bien sûre provisoire si l'on continue de se référer au temps, à notre enveloppe corporelle et psychique et à leurs apparentes intempéries.

C'est hors temps, hors conflit, hors condition, mais pas hors tout ! Au contraire, c'est l'inclusion du tout, c'est-à-dire de tous les aspects dont nous sommes conscients, en cette présence réelle à soi sans temps ni lieu, ni condition, ni jugement ou évaluation de soi-même. Bien sûr encore ça ne fait pas partie de nos conditionnements culturels ou spirituels.

A cet endroit nous nous retrouvons seul, pas solitaire, simplement et bonnement seul, personne ici pour vous aider ou vous soutenir, ni maître ni ami. Seulement l'évidence sans faille de votre réalisation. Et elle va être défiée, « challengée », que ce soit par vos « amis », ennemis déclarés ou non, et ces «démons psychologiques » dont vous faites mention.

La vie, le « vrai » se vérifie. Ce n'est pas « malin », c'est juste ce que c'est. La solidité de notre reconnaissance doit faire face à la misère pitoyable de nos croyances, habitudes et illusions. et elles sont légions ! Donc la seule chose « à faire », est de s'ancrer ou de se tenir le plus possible dans cette reconnaissance et de laisser passer les flots de boues et d'opprobres, pas en s'en protégeant ou en les ignorants, mais en réelle conscience. En les reconnaissant pour ce qu'elles sont.

Personne n'a dit que c'était facile !... Peut-être avez-vous cru comme beaucoup, pour revenir à la mythique de « l'éveil », bien galvaudée comme vous dites, « qu'après » (nous revenons là nous prendre dans les filets de l'illusion du déroulement et du temps) nous vivrons dans une sorte d'état de béatitude ou de sérénité permanente. Pas au plan personnel ! Là se trouve la confusion des genres.

Le personnel, ou mieux, l'attachement et l'investissement au personnel, est ce qui nous maintient dans cette souffrance, dans cette séparation ou isolation de notre nature réelle et du tout. Nous nous réduisons à être de petits négociants de détails et nous invalidons et nous privons de la totalité ! Là seulement se trouve notre erreur de cible, notre seul péché, notre seul faux pas !... Nous nous prenons pour ce que ne sommes pas.

Par contre, à chaque fois que vous revenez au plan de l'être en vous, seulement dans l'instant, vous constatez infailliblement que rien de tout ceci n'a aucune valeur. sinon celle d'un étrange divertissement. Encore une fois, le « maître » est cette reconnaissance en vous, rien ni personne d'autre. A chacun la possibilité d'en être disciple ou pas, de s'y relier ou pas. D'en souffrir ou d'en jouir !...

Je ne sais si aucun de ces mots pourront vous aider, bien sûr je ne peux que le souhaiter. Je suis comme vous devant l'infini mystère du vivant et de ses manifestations, y compris celui de la communication. Grandeur et légèreté de l'homme faisant face à ses propres conditions et contradictions. Mais profondément, au-delà des vicissitudes, des mots et de leur intellection, ou cachées en leur sein, la paix réelle, l'intelligence et la joie vraie demeurent et sont vôtre à jamais.

Amicalement.

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