L'Attention Consciente"La Danse de l'Instant "...

"Le côté sombre"

Cher autre moi-même!

Bon, je vais aussi faire un essai de réponse à ta lettre. Pas si facile, vaste et complexe sujet ou plutôt interrogation. J'aime ce mot, surtout quand on veut bien l'ouvrir . Inter-rogation ou rogatoire intérieur, joli non ? Et c'est vraiment de cela qu'il s'agit ou s'agite!... Avant de s'assagir... ou de devenir, ou plutôt encore, re-devenir sage. La sagesse n'est pas un devenir, c'est notre nature. En fait elle se révèle quand on a finit de jouer aux enfants ! Mais elle est toujours là !

« Le côté sombre ! » En fait le côté sombre c'est simplement l'inconnu, c'est un en soi par définition. Ce qui n'est pas connu et qui est donc caché est l'objet ou le sujet de convoitises et de chimères diverses, et on en a fait tout un plat au cours des âges et des modes; animiques, religieuses, ésotériques, alchimiques, philosophiques ou autres déviances spirituelles; un plat le plus souvent très indigeste et en plus décevant. Et on se perd dans le labyrinthe de nos rêves de grandeur ou volontés de pouvoirs. (on à tous un petit Hitler qui sommeille en soi !) Ce qui laisse présumer du peu d'estime en laquelle on se tient au départ ! Sinon pourquoi ? Qu'y a-t-il à assouvir ? Quelle soif insatisfaite ? Quel est ce manque en nous ? Quelle forme a-t-il ?... Là on peut éventuellement jeter un oil, juste pour soi. Que cherche-t-on vraiment ? Il est bon à un moment de poser les choses pour soi. C'est un véritable face à face qui commence !

Tu as déjà, il me semble, exploré et défriché suffisamment de bases ou de pistes, c'est assez. C'est l'heure de la rencontre avec toi-même, non toi-même en tant que l'enfant en quête de reconnaissance qui se prétend un homme (comme tout un chacun et chacune), voire prétend se connaître, (rappelle toi le connu n'est pas ce que tu es, simplement des aspects de jeu de la personnalité dont on est conscient et qu'on accepte ou que l'on repousse !), non pas ça. Pas cette image de représentation de soi que l'on montre au grand jour et aux autres ou que l'on cache par peur d'être rejeté. Non. Le vrai toi, le toi « sombre », le toi de l'Ombre, le toi non reconnu car jamais écouté, jamais regardé, jamais rencontré. Le toi qui ne se fait pas entendre ou presque! Le toi brut, le toi initial, le toi originel ! (c'est bien mieux que de prétendre l'original !) Forcément ce toi est en toi, il est même plus que ça, il EST toi, il est ce que tu es vraiment sous le couvert du voile de l'identité! Donc tu n'as pas loin à aller chercher. C'est ici.

Il suffit, pour un instant, un instant véritable et conséquent, c'est-à-dire totalement honnête, d'arrêter toutes prétentions. Vraiment toutes. Arrêter vraiment et regarder ce qui est là, en soi, comme soi quand on ne prétend plus rien. Que reste-t-il ?... Il faut là être vigilant et ne pas bouger, ne pas céder à la tentation du mouvement mental ou de l'explication. Si une survient il faut ne pas s'y attacher, ne pas se laisser séduire, ne pas s'en amouracher, ne pas non plus s'en effrayer ! Rester là, tranquille, sans attendre quoi que ce soit ce qui serait encore une prétention déguisée ! Juste être là, avoir la volonté de seulement être là et de rencontrer ce qui est là. Même et surtout si ça ne ressemble à rien. A rien de connu bien sûr ! Qu'est-ce qui est là dans l'ombre de moi-même ?... Qui suis-je vraiment ?... Ne pas bouger, ne pas réfléchir, ne pas imaginer, ne rien tenter, surtout pas une réponse ! Etre là dans cette inter-rogation véritable. Redevenir intime avec soi-même. Nous avons tout le temps, pas de frénésie. Cet instant suffit.

Ce qui se trouve là c'est ton être pur, sans nom, sans forme, sans histoire, sans limite ! Ce qui se trouve là est l'Essence, pas même ton essence, juste l'Essence d'Etre. A cet endroit il n'y a plus personne pour revendiquer quelque propriété ou quelque identité que ce soit. Attention ! Le mental, car c'est son travail, va toujours tenter de récupérer cette rencontre en « logifiant », en essayant de rationaliser. Encore une fois n'écoute pas le chant des sirènes ! Reste accroché au mât de l'instant. C'est à toi, personne ne peut te le prendre, c'est Toi, « ce que tu es vraiment ».

Que vas-tu gagner ? Rien. Rien de récupérable ou d'utilisable par l'arrogance personnelle. Nada ! Cela vaut-il le coup ? C'est à toi de voir ; que veux-tu vraiment ? Des histoires extraordinaires et plus ou moins inaccessibles (ce qui renforce le complexe du moi et forcément le fait souffrir), ou la pure et simple réalité ?...

Voilà mon Ami. Rien ! Quelle belle farce et quelle Force !

Très amicalement, et même plus !

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satsang charles coutarel